Le sentiment dépressif
QUE POUVONS-NOUS RETENIR SUR LE SENTIMENT DÉPRESSIF ?
Certaines études montrent qu’environ 16 % des élèves québécois de niveau secondaire présenteraient un nombre de symptômes dépressifs importants.[1]
- Filles : 25 %
- Garçons : 10 %
Certaines études ont tendance à donner un poids important au sentiment dépressif dans le parcours scolaire, car celui-ci permettrait de prédire, au même titre que le rendement en français et en mathématiques, le décrochage scolaire.[2]
Le lien entre le décrochage scolaire et la santé mentale est aussi souligné par une étude américaine récente, qui révèle que la moitié des décrocheurs présente un problème de santé mentale.[3]
Les travaux des chercheurs québécois Véronique Dupéré et Éric Dion montrent aussi que 40 % des décrocheurs avaient vécu un événement stressant dans les trois mois précédant leur départ de l’école.[4]
[En savoir plus sur le sentiment dépressif]
QUE POUVONS-NOUS PENSER DES IMPACTS POSSIBLES DE LA CRISE SANITAIRE SUR LE SENTIMENT DÉPRESSIF VÉCU PAR LES JEUNES ?
Selon un Sondage Crop réalisé du 17 au 20 avril 2020 pour le compte de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais, 56 % des parents affirment que l’état psychologique et émotionnel de leurs enfants s’est détérioré depuis le début de la pandémie.[5]
Nous n’avons pas de données plus précises sur le sujet, mais plusieurs études réalisées auprès de travailleurs ou de la population en général semblent démontrer que les situations de confinement ont en général des impacts négatifs importants.
Une étude canadienne en cours démontre un haut taux d’anxiété chez les travailleurs dans le cadre de la situation actuelle de confinement.[4]
Une méta-analyse londonienne recense aussi plusieurs effets négatifs du confinement, tels que des symptômes de stress post-traumatique, de la confusion et de la colère. Elle révèle également certaines caractéristiques du confinement qui peuvent être une source majeure de stress, dont :
- La durée
- La peur du risque d’infection inhérent au confinement
- La frustration
- L’ennui
- La carence de certains produits de consommation courante
- Une information inadaptée ou tronquée
- La perte de revenus
- La stigmatisation (lorsque le confinement n’est pas généralisé)[6]
D’autres facteurs pouvant avoir des effets de longue durée chez les enfants incluent l’absence de contacts en personne avec les camarades de classe, les amis et les enseignants, de même que le manque d’espace personnel à la maison. [7]
Fait intéressant, certaines études relevées dans l’exercice de méta-analyse nommé précédemment soulignent des impacts psychologiques importants chez les enfants lors de quarantaine lorsque l’on compare ce groupe d’enfants à d’autres groupes non-confinés : « des scores moyens de stress post-traumatique sont 4 fois plus élevés chez les enfants confinés vs ceux non mis en quarantaine. Dans la même étude, 28 % des parents mis en quarantaine présentent des symptômes suffisants pour justifier un diagnostic de trouble de santé mentale (vs 6 % des parents non mis en quarantaine). »[8]
POURQUOI LA SITUATION AUTOUR DU SENTIMENT DÉPRESSIF EST-ELLE PRÉOCCUPANTE ?
Face à ces constats et dans le cadre de la situation actuelle, il reste qu’une surveillance serait de mise autour de ce déterminant, car:
- Il est possible que le confinement génère une hausse du nombre de jeunes et une accentuation des symptômes chez les dépressifs, ce qui pourrait fragiliser plusieurs sphères de leur vie, dont leurs études.
- Il est possible que les effets perdurent jusqu’à 3 ans après la fin de la crise, comme certaines études l’indiquent.7Dans ce cas, il sera important de penser aux besoins éventuels de ces jeunes, et ceci, à long terme.
- Des chercheurs ayant montré un lien entre le sentiment dépressif et le décrochage, il est possible que cela ait un impact sur le nombre de jeunes qui décrochent.
- Il est possible que les filles soient plus à risque que les garçons : considérant que 25 %des québécoises de niveau secondaire présenteraient des symptômes dépressifs, il est permis de penser à une dégradation de leur situation. Une analyse genrée de la situation pourrait ainsi être pertinente.
- Nous savons que les jeunes dépressifs ont un profil plus discret. Il est possible qu’ils soient plus difficiles à repérer et à soutenir.
- Il sera donc important de prêter attention à celles et ceux qui avaient des symptômes lors du début du confinement, et de penser que plusieurs autres en auront au retour.
DES PISTES POUR RÉDUIRE LES EFFETS DE LA PANDÉMIE SUR LA SANTÉ MENTALE
Pour continuer la réflexion
RÉFÉRENCES SUR LE SENTIMENT DÉPRESSIF
[2] Fortin L., Marcotte D., Potvin P., Royer E. (1996-2007), Étude longitudinale sur la persévérance et le décrochage scolaire cité par Réunir Réussir, Document de référence sur les déterminants
[3] Vander Stoep, Weiss, Saldanha Kuo, Cheney, & Cohen, 2003 cité par Réunir Réussir, Document de référence sur les déterminants
[4] Dupéré et al., High School Dropout in Proximal Context: The Triggering Role of Stressful Life Events, Child Dev. 2018 Mar;89(2):e107-e122. doi: 10.1111/cdev.12792. Epub 2017 Mar 28.
[5] https://www.newswire.ca/fr/news-releases/sondage-crop-56-des-parents-declarent-que-l-etat-psychologique-et-emotionnel-de-leurs-enfants-s-est-deteriore-depuis-le-debut-de-la-pandemie-870981368.html
[6] The Lancet March 14, 2020 DOI : 10.1016/S0140-6736(20)30460-8 The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence cite par https://blog.santelog.com/2020/03/24/covid-19-les-effets-indesirables-du-confinement/
[7] https://www.thelancet.com/pdfs/journals/lancet/PIIS0140-6736(20)30547-X.pdf
[8] The Lancet March 14, 2020 DOI : 10.1016/S0140-6736(20)30460-8 The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence cite par https://blog.santelog.com/2020/03/24/covid-19-les-effets-indesirables-du-confinement/